A 22h de ce même jour, le 14 mai, le Lieutenant-Colonel reçoit l'ordre de tenir tous les points de passage de la Sambre, de Jeumont à Fontaine-Valmont (Belgique). Roger ne se repose que 2 heures à Assevent et avec le 2ème Bataillon va prendre position près des ponts de Jeumont.
L'installation doit se faire immédiatement : il s'agit de construire des barricades, de creuser des fossés anti-chars,d'assurer des positions de défense.
Mais, et c'est et sera une constante, le flot des réfugiés, mêlé aux éléments de l'Armée Corap refluant dans le plus grand désordre est tel, que l'installation complète du bataillon prend plus de temps que prévu. C'est la première d'une longue suite de nuits sans sommeil .
Situation du régiment à 23 heures 30, le 14 mai.
Le 15 mai, à 8 heures le 2ème bataillon est donc en place à Jeumont. La 6ème compagnie est la plus à l'ouest. Elle se situe sans doute devant l'écluse de Marpent. Empêcher le passage de la Sambre est la mission confiée au régiment.Le flot des réfugiés ne cesse de grossir.
Situation du régiment à 11 heures, le 15 mai.
Situation du régiment à 23 heures, le 16 mai Situation du régiment à 6 heures le 17 mai Le 16 mai, le Lt-Colonel ne peut, à cause des convois de réfugiés, inspecter le 2ème bataillon. A 22 heures, le régiment a reçu l'ordre de faire sauter les ponts sur la Sambre et de couler les péniches, côté sud de la Sambre. Ceci, alors que des éléments font retraite (infanterie et artillerie) et demandent que l'ordre soit différé, ce qui est refusé. Il s'agit de toute l'artillerie du 2ème Corps d'Armée. Comme l'écrit le Lt-Colonel, cette décision semble prématurée.
On apprend également dans l'après-midi, que les allemands sont à une dizaine de kilomètres de Beaumont(Frontière française). Devant eux ne se trouvent qu'une poussière d'éléments. Vers 15h, le Bataillon de Marocains étant arrivé, les différents bataillons vont reprendre leurs positions initiales. Le glissement vers l'ouest commence à 21 h.
le 2ème bataillon commence son déplacement vers l'ouest à 0h. Durant cette journée, le régiment est constamment survolé par les avions allemands, il abat 3 de ces avions. Pas un seul avion français n'a été vu durant la journée. Cela montre à tous la supériorité aérienne de l'adversaire et confusément le sentiment naît que le combat est faussé. En outre, aucun ravitaillement n'a pu parvenir au Régiment depuis le départ d'Epernay. Dans le PC du Régiment comme dans les unités, tout le monde s'affaire. C'est la 4ème nuit sans sommeil, note le Lt-Colonel.
Le 17 mai la situation s'aggrave. Le front du régiment s'étend sur 16 km, ce qui est considérable. Les ponts sur la Sambre ont sauté, le carrefour de La Parapette également. Les routes sont encombrées de soldats de différentes armes (fantassins, artilleurs) et de toutes sortes d'unités. Les allemands progressent, Maubeuge, bombardée est en flammes. Des infiltrations de soldats allemands sont signalées. Des coups de feu sont tirés depuis la rive sud vers Jeumont et Erquelines. Les villes de Jeumont et d'Erquelines sont bombardées. La 43ème Division et donc le Régiment devront très bientôt faire face. (Renseignement obtenu par le Lt-Colonel auprès du Général du 5ème Corps d'Armée, dont dépend maintenant la Division)
A 23 h, un ordre de la Division indique que le Régiment doit quitter ses positions actuelles, pour s'installer au nord de Maubeuge. Cet ordre parvient entre 0h et 1h aux différents bataillons. Le mouvement de repli doit se faire par glissements successifs d'un bataillon sur l'autre. Mais le Régiment doit laisser sur place des munitions et du fil téléphonique.