La colline de Lorette est située sur la commune d'Ablain-Saint Nazaire, dans le Nord Pas-De-Calais, à 12km au nord d'Arras et 20 km au sud de Béthune.
Considérée comme lieu stratégique, cette colline est le lieu de combats, qui durent d'octobre 1914 à octobre 1915. Il s'agit en fait d'éperons rocheux, portant différents noms.
En décembre 1914 et janvier 1915, le 21ème corps, commandé par le général Maistre, prend pied sur l'éperon appelé Mathis.
Le 15 mars 1915, après une lutte très violente, il s'empare de l'éperon suivant ou Grand Éperon défendu par trois lignes successives de tranchées et le conserve en dépit de contre-attaques allemandes.
Le mois suivant, le troisième éperon dit des Arabes est enlevé.
Après ces attaques préliminaires, se déclenche, le 9 mai, l'offensive d'Artois. Le corps du général Maistre a pour mission de chasser les allemands des deux derniers éperons du massif et d'enlever la crête supérieure, où se situe la chapelle de Lorette, dont les premières tranchées françaises sont encore distantes d'environ mille mètres.
De l'éperon des Arabes à la route de Souchez à Aix-Noulette, au bas des pentes nord-est de la colline, s'échelonnaient cinq lignes de tranchées profondément creusées, renforcées six mois durant de sacs de terre et de sacs de ciment, couvertes par des réseaux doubles ou triples de fils de fer et de chevaux de frise. De cent mètres en cent mètres des barricades formaient des flanquements garnis de mitrailleuses. Plusieurs fortins et des ouvrages avancés servaient de points d'appui aux défenses des tranchées. L'un d'eux, au nord-est de la chapelle, interdisait l'accès de l'extrémité du plateau ; il comprenait des fossés, des grilles, des casemates et des abris de dix mètres ou plus de profondeur.
Une division composée en majeure partie de Badois, avait reçu l'ordre de garder Notre-Dame-de-Lorette, tandis qu'en arrière se trouvait, dans l'agglomération d'Angres et de Liévin une artillerie de gros calibre tirant sur le flanc nord de la colline et le plateau lui-même .
La division du général Maistre, chargée de l'attaque, comprenait trois régiments d'infanterie et trois bataillons de chasseurs.
Le 9 mai, à dix heures, les premières vagues d'assaut s'élancent. En deux heures, elles enlèvent trois lignes de défense et parviennent au réduit de la position, devant le fortin de la chapelle, où, derrière un entassement de sacs de terre et d'épais blindages, se trouvent les mitrailleurs allemands.
L'attaque se brise contre l'ouvrage. Certaines compagnies ne sont plus alors commandées que par des sergents. La progression s'exécute par bonds d'un trou d'obus à un autre. Des réseaux de chevaux de frise, qui précédaient dans un repli du terrain le fortin, sont restés à peu près intacts. On se bat à la grenade, à la baïonnette, au couteau. Le plateau est un charnier.
Du 10 au 12 mai, la situation reste la même.
Le 12 mai, à la nuit, les chasseurs attaquent, en se jetant à plat ventre, pour ramper jusqu'au fortin. Sous les mitrailleuses, ils arrachent des sacs de terre et, les appliquant sur les créneaux, ralentissent le tir allemand. Les unités suivantes, profitant de cette accalmie, peuvent forcer le parapet. A l'intérieur du fortin, dans la nuit, un corps à corps s'engage. La chapelle en ruines est dépassée,et tout autour s'étend un enchevêtrement de souterrains, d'entonnoirs, de trous d'obus bourrés de cadavres et de matériel. La crête du plateau de Lorette est conquise, mais les allemands tiennent encore les deux éperons de la Blanche-Voie et de Souchez.
La pluie et les nombreuses sources prenant naissance sur la hauteur ont transformé ce terrain argileux en une boue glissante où la progression est particulièrement difficile. L'éperon de Souchez est peu à peu repris les jours suivants jusqu'au point où il domine à pic la sucrerie de Souchez. Par contre, des tirs de mitrailleuses empêchent toute attaque contre la Blanche-Voie. Jusqu'au 20 mai, la ligne française décrit un vaste demi-cercle depuis l'ouest, d'Ablain-Saint-Nazaire jusqu'aux flancs de l'éperon est, en contournant l'autre contrefort.
Huit jours durant,les allemands dans les retranchements de la Blanche-Voie et dans les maisons, au nord et à l'est d'Ablain, empêchent toute progression, tandis que les batteries d'artillerie d'Angres et de Liévin tirent sur le haut du plateau.
Le 22 mai après deux journées de combats, les tranchées de la Blanche-Voie sont conquises ainsi que tout le massif de Notre Dame-de-Lorette sauf le bas des pentes de l'éperon de Souchez.
Cette bataille dura treize jours. De part et d'autre, les pertes furent très élevées.