Margenseau Roger en 1938

  Margenseau Roger, après une enfance bouleversée, part de la région de Vouvray, Parçay-Meslay pour le service militaire en 1938. Il doit ressentir comme une promesse d'échapper au monde rural, dur, grossier, qui ne lui convient guère.


La destination comporte, il est vrai, pour l'époque sa part de rêve: Strasbourg : grande ville, fraiche de sa reconquête, prometteuse.


Il est affecté au 158ème Régiment d'infanterie, dit "De Lorette"à Strasbourg. Le régiment porte ce nom, pour commémorer les combats qui eurent lieu sur cette butte en 1915.


  Roger rejoint le corps le 11 novembre 1938. Celui-ci est cantonné, en grande partie, à la caserne Stirn, du nom d'un général français nommé général le jour même de sa mort le 12 mai 1915, au bois de Bertonval en Artois. La filiation avec la guerre de 1914-18 est donc marquée et restera très présente.
Cette caserne se situe dans le centre ville, non loin de Cronenbourg et Schiltigheim, au 37, boulevard Clemenceau. Cette proximité est, pour un homme venant de la campagne, un bonheur et une richesse. Roger en gardera, toute sa vie, le sentiment d'une nouvelle naissance.

La caserne Stirn fut construite par les Allemands durant la période de rattachement de 1870 à 1918, en 1883-84 exactement et portait le nom de Kaserne Manteuffel, général en chef de l'armée d'occupation en France après 1871, nommé "Statthalter" (gouverneur) des territoires occupés.


  Au 158ème Régiment d'infanterie, Roger est affecté au 2ème bataillon, 6ème compagnie. Une Compagnie compte alors à peu près 180 hommes. L'échelon supérieur est la Bataillon avec environ 860 hommes. 3 bataillons forment un Régiment de 2700 hommes (avec les transmissions, etc) Le régiment fait partie, comme en 1914, de la 43ème Division d'Infanterie, commandée en 1938, par le Général Grandsard.


  Le livret militaire, compagnon caché des années futures et jamais découvert par les allemands, porte sous sa couverture délavée, la mention que le soldat Margenseau a suivi sa formation militaire sans encombre. Les efforts, les longues marches n'altèrent pas un sentiment de liberté et de bonheur frais.
La fin de l'année 1938 est celle des promesses remplies : les brasseries strasbourgeoises sont là, et la rumeur extérieure, si menaçante, n'y pénétre encore qu'étouffée et voilée.



Suite année 1939