Margenseau Roger en 1940 (du 10 au 14 mai )



   Le mois de mai 1940 sera celui de la brisure et du chaos. Les faits se bousculent, ils ne suivent pas le rythme habituel, hommes et certitudes perdent leurs repères. Essayons, jour après jour, de suivre ce chaos, dans lequel Roger plonge, mais qu'il réussira à traverser.


   Le 10 mai 1940, la rumeur céde aux faits bruts, brutaux ; l'offensive allemande a commencé. Le journal de marche du Régiment n'indique, pourtant,ce jour-là,qu'un seul fait : un avion allemand,qui survole la vallée de la Marne, est abattu. Un détachement, arrivant à Mourmelon, reçoit quelques bombes, qui ne causent pas de pertes. Mais la stupeur est sans doute à la mesure de l'engourdissement qui précédait.


  Le 11 mai, le régiment doit se tenir prêt pour, dit-on, assurer la défense du Grand Quartier Général à la Ferté-sous-Jouarre. Il n'en sera finalement rien. Le Lieutenant-Colonel du Régiment, Puccinelli, inspecte les troupes : tout parait prêt.


  Le 12 mai, Roger apprend, comme les autres, vers 17 h, que le départ aura lieu le 13 par voie ferrée avec 6 trains, les véhicules du Régiment voyageant par la route, en un seul convoi. La gare de départ sera Epernay, en suivant l'itinéraire, Reims, Laon, Tergnier, Saint Quentin.
Le séjour en Champagne est définitivement terminé, mais il laisse des souvenirs qui ne s'émousseront pas avec le temps et qui ont du être utiles dans les moments difficiles.


   Le 13 mai, le premier train(avec le Lt-Colonel) quitte, comme prévu, la gare d'Epernay à 12h. Mais déjà, les liaisons ferroviaires sont perturbées par les bombardements et les trains prennent un retard considérable. Finalement, le P.C de la Division informe le Lt- Colonel, que le train s'arrêtera à Bavay. Le Régiment devra ensuite se rendre à Boussois, puis établir son cantonnement à Jeumont. Roger, comme l'ensemble du 2ème Bataillon devra attendre le lendemain pour embarquer.


   Le 14 mai, Roger embarque avec le 3ème train à 4h au lieu de 0h. La pagaille est déjà bien présente : les trains ont pris du retard, le dernier train de ramassage de la Division ne partira que le 15 mai et ne pourra jamais rejoindre le Régiment. Le train du 2ème bataillon arrivera à 16h à Bavay. L'ordre est donné de se restaurer dans un bois voisin et de se diriger, dès que possible, vers Jeumont,à 27 km.

Mais la percée de l'armée allemande contraint l'armée Corap (9ème armée) à reculer très nettement. Le flot des réfugiés et des éléments épars de la 9ème armée (Corap) obstruent les routes et devant cette situation, le Colonel demande au 2ème Bataillon de s'arrêter à Assevent. A 18 heures le 2ème bataillon se remet en marche, mais il n'est à 21 heures pas encore en place, comme en témoigne le calque du Journal de Marche.

Calque 01

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© Archives militaires du Fort de Vincennes.(Ceci vaut pour tous les calques présentés)


  Très gêné par le flot des réfugiés et les avions allemands qui bombardent les colonnes, le 2ème bataillon n'atteint Assevent qu'à 23 heures. C'est la premier contact avec la guerre.


Suite année 1940 (14-17 mai)