Margenseau Roger en captivité - La mine



  Dire à partir de quelle date Roger est affecté au travail à la mine est impossible.



  Cette mine était la propriété d'une entreprise, la "Sachtleben A.G". Cette entreprise fut fondée en 1878, du nom d'un chimiste allemand Rudolf Sachtleben, inventeur de la lithopone, pigment blanc entrant dans la composition des peintures. La combustion de pyrite du Sauerland apportait un complèment à cette entreprise, ce qui permit de créer une nouvelle entreprise, la "Sachtleben A.G" en 1926 avec Cologne comme siège. La mine en question produisait surtout de la pyrite, du zinc et du soufre.



  Elle est située à Meggen, faisant aujourd'hui partie de la ville de Lennestadt. Dans les années 1942-43, plus de 4000 personnes travailleront dans cette mine (surtout les "Zwangsarbeiter", les "travailleurs forcés" et les prisonniers de guerre, russes et français).



   Les prisonniers-mineurs devaient extraire le minerai de fer, le mettre dans un bac de 12 tonnes. Celui-ci était ensuite ramené à la surface pour concasser et trier le minerai, ensuite soumis à des traitements pour séparer le plomb, le zinc et le soufre.



   Cette mine, profonde de 600 à 700m était considérée comme très dangereuse. Le travail au fond était de 10 à 12 heures. Il a d'abord fallu, au moins au début, vaincre l'appréhension de descendre si bas sous terre pour des hommes non habitués. C'est ce que confirme un rapport concernant le stalag VI A du C.I.C.R du 6 février 1943 cité par Y.Durand ("La vie quotidienne des prsionniers"): "Tous les détachements de mineurs sont rattachés à ce camp qui ne comprend pas d'autres détachements. Le travail dans les mines, surtout sous la terre, est naturellement très pénible. D'autant plus qu'un très grand nombre de ceux qui descendent dans la mine ne sont pas des spécialistes. 50% seulement des Français qui travaillent à la mine sont des mineurs professionnels" (La vie quotidienne des prisonniers de guerre)

   A cette appréhension s'ajoutent la difficulté et le danger permanent au travail. Roger se souviendra de la terre tremblant au dessus de lui, des éboulements de pierre et des trous, où un seul homme pouvait se faufiler.

La mine connaitra d'ailleurs un accident très grave le 9 février 1944, faisant 72 morts. Il y aura durant cette période beaucoup d'autres accidents mortels.
Le danger au travail et ses conséquences sur la santé sont notés par un médecin français, Raymond Vernier, établissant un rapport à son retour en France, en 1943

   A ces conditions difficiles, il faut également ajouter le problème majeur de la nourriture, toujours insuffisante pour le travail fourni. C'est, par ailleurs, un thème central pour tous les prisonniers. Il prendra la forme d'une revendication "nix essen, nix arbeiten" (pas de nourriture, pas de travail), qui sera très souvent évoquée dans les souvenirs ultérieurs. Beaucoup ne survivent que grâce aux colis envoyés de France ou des colis de la Croix-Rouge.



  Roger travaillera au fond de la mine jusqu'à la fin de la captivité, en suivant les changements de lieu du commando.



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