La vie au camp, en dehors du travail, comporte aussi beaucoup de difficultés. Il faut d'abord s'accommoder des particularités de chacun et de trouver une juste répartition des tâches. Les relations ne sont, d'ailleurs, pas toujours excellentes. C'est aussi à cela que doit oeuvrer "l'homme de confiance", en règle générale désigné par ses compagnons. Cette désignation est une mise en oeuvre de la Convention de Genève.
(Il y a en outre un homme de confiance pour l'ensemble du Stalag, qui jouera de plus en plus un rôle important au fil de la guerre aussi bien administratif que social)
Mais les souvenirs, racontés par bribes, font ressortir la nécessité de "s'organiser", c'est à dire de constituer une collectivité qui peut compter sur elle-même et apporter de l'aide à l'un de ses membres en cas de nécessité, ce qui ne va pas toujours sans problème.
Seule une collectivité pouvait, en effet, supporter au mieux les difficultés de la vie de captif. Elle trouve sa meilleure expression dans le mot de "camaraderie". Ce peut être la partage d'un colis, une présence simulée pour aider un camarade, etc
Après le travail à la mine ne reste plus, le soir dans la baraque, qu'à jouer aux cartes ou écrire le courrier, bricoler. Certaines parties de cartes, interminables, laisseront des souvenirs durables.
La vie au camp s'organise aussi en fonction de l'évolution de la guerre. Plus la guerre approche de sa fin et plus les rapports entre gardiens et captifs se modifient. On n'hésite plus à dire aux gardiens: "Allemagne kaputt", commentaire impensable à formuler en 1941-42.
Après ces longues années, les nouvelles en effet s'améliorent de jour en jour, même si les bombardements touchent indifféremment soldats, civils et prisonniers. Roger se souviendra longtemps des bombardements de la région de la Ruhr. Mais la promesse d'une fin de captivité se fait jour.