C'est en 1930 qu'est présenté le projet du Simserhof, élément important de la zone fortifiée de la Lauter.(Voir le plan)
Il s'agit de construire deux ouvrages distincts, situés à 300 m l'un de l'autre, se protégeant mutuellement. Il est donc décidé d'ériger huit blocs bétonnés et deux entrées, l'une pour les hommes, l'autre pour les munitions.
Le chantier dure de 1930 à 1938. L'ouvrage est occupé par les troupes du 153ème Régiment de forteresse, du 155e régiment d'artillerie de position (RAP) et des éléments du 1er, 15e et 18e régiment du génie. Comme dans les autres ouvrages de la ligne Maginot, ces troupes portent le nom d'équipage, par suite d'une comparaison entre les ouvrages de la ligne et des sous-marins enterrés.
Le commandement de l'ouvrage est d'abord confié au lieutenant-colonel Aumoitte, du 10 avril 1938 au 12 février 1940, puis au lieutenant-colonel Mauvin, à qui succéde le lieutenant-colonel Bonlarron, à partir du 25 avril 1940.
La vie à l'intérieur de l'ouvrage est calquée sur celle des navires de guerre. Un service par quart rythme la vie :
* le quart de veille (durée de 4 heures) : le personnel doit assurer la permanence au téléphone, se tenir à proximité des pièces d'artillerie et armes automatiques en prévision d'une intervention immédiate.
* le quart de piquet (durée de 4 heures) : le personnel est au repos dans le bloc (la nuit seulement) ou en corvée également dans le bloc.
* le quart de renfort ou de repos (durée de 8 heures) : repos de l'effectif dans les chambrées.
* le quart disponible : personnel logé pendant 24 heures dans la caserne de l'ouvrage et mis à disposition.
Pendant la "Drôle de guerre", le secteur est calme, mais le 21 août 1939, la mesure n°10 (occupation des ouvrages)est décrétée. Vers 23 heures, les troupes d'active sont à leur poste et l'ouvrage est opérationnel.
Le Simserhof doit intervenir une première fois le 12 octobre. Une tourelle de 75 intervient au profit des avant-postes installés à une dizaine de kilomètres en avant de la ligne fortifiée.
Le 10 mai 1940, le front reste calme. Le 12 mai 1940, les avancées sont violemment bombardées et le Simserhof riposte pour appuyer les troupes françaises.
Le 13 juin, les troupes d'intervalles se replient vers le Sud de la France.
À partir du 15 juin, le Simserhof effectue des tirs de protection et le 16 juin 1940, le lieutenant-colonel Bonlarron comprend que le mouvement de retraite est quasi-impossible. Il décide de ne pas saborder l'ouvrage et prend des dispositions pour soutenir un siège.
À partir du 21 juin, l'artillerie du Simserhof est en action. Il faut éviter que l'ennemi se présente trop près de l'ouvrage du Welschhof. Le 22 juin 1940, l'armistice est signé.
Le 24 juin, la situation du Welschoff se dégrade brutalement. Il doit se rendre. Ce même jour, le Simserhof doit protéger l'ouvrage de Rohrbach-lès-Bitche, le Fort Casso, qui est attaqué. Le Simserhof tire 13 500 obus pour la protection de cet ouvrage.
Au soir du 24 juin, l'équipage du Simserhof apprend, par la radio suisse, l'armistice avec l'Italie. Dans les clauses de l'armistice, l'article 7 prévoit que les ouvrages doivent être remis intacts à l'autorité allemande. Le sort des équipages reste ambigu. Les Allemands tentent de négocier avec les ouvrages mais ils sont à chaque fois renvoyés. Les commandants d'ouvrages attendent un ordre de l'état major français. Le 30 juin 1940, le lieutenant-colonel Simon vient apporter aux commandants d'ouvrage l'ordre de livrer les ouvrages aux Allemands. La rencontre a lieu au Grand-Hohekirkel.
Huit jours après l'armistice et cinq jours après le cessez-le-feu, le Simserhof se rend.