L'année 1944

L'arrestation et la déportation de M. et Mme Lavie sont des événements dramatiques pour le village, mais ils révélent, dans leur brutalité, une situation changeante, qui va dans son développement ultime aboutir à la Libération. Sur le plan militaire, les armées du Reich reculent. L'impact de Stalingrad est considérable. L'horizon d'une victoire possible se dessine.
Devant les difficultés, les Allemands sont obligés de durcir leur politique. Face à l'ampleur des pertes sur le front russe, les "ponctions" de main d'oeuvre dans les territoires occupés sont de plus en plus féquentes et importantes.
Les politiques de la "relève" et plus tard du STO en sont l'illustration. Les chiffres de la "relève" pour l'Indre et Loire en donnent la preuve : en 1944, 283 prisonniers français en Allemagne furent libérés, 390 en 1943, et 6 seulement en 1944, au titre de la "relève". I y eut 64% de defaillants au STO en mars 1944. A cete politique de main d'oeuvre, toujours plus dure, s'ajoute celle des réquisitions, de plus en plus importantes. Réquisitions de main d'oeuvre et de biens donnent un élan décisif à la Résistance.


La première occasion de résister en Indre et Loire fut la ligne de démarcation, même si elle disparait en 1942 avec l'occupation de la zone libre. (voir page sur ligne de démarcation + livre p.153)
Des réseaux émergent, restent fragiles, mais font preuve d'efficacité. (Cahors-Asturies, Alliance, Hercule, Buckmaster p176 liste avions camp Parcay) Les opérations aériennes (les parachutages en particulier) devinrent donc possibles et avec elles l'arrivée d'armes, de postes-emetteurs, etc. Les opérations de sabotage peuvent donc prendre de l'ampleur.


Tous ces éléments rendent l'année 1944 décisive.

L'aviation alliée, qui a la mairise du ciel, a comme cible principale le complexe ferroviaie et routier de Tours-Saint-Pierre des Corps et Parcay-Meslay( le camp d'aviation) constituent, en effet, un noeud très important. Ce complexe avait d'ailleurs été déjà bombardé dès le 27 août 1940, puis en 1941, 1942, etc.
Les bombardements vont s'intensifier en 1944 : le 5 janvier, le 5 février,(schma touraine bombes +p.143) le 14 février, le 27 mars, le 10-11 avril (avec des flottes de 200 avions)(voir le schéma,torain bombes) le 20 avril, le 23 avril, le 28 avril, le 30 avril, le 1èr -2 mai, le 7-8 mai, le 13-14 mai, le 20 mai, le 22 mai, le 23 mai. Les destructions sont considérables et le nombre de morts s'élève à plus de 200.

De Monnaie, Renée peut observer les bombardements de l'aéroport de Parcay-Meslay, situé à quelques kilomètres.
Pour la population, la situation est très difficile à supporter. Mais elle le fait au nom du "mal nécessaire".
"Dès qu’une escadrille était annoncée, se dirigeant plus ou moins dans la direction de Tours la sirène hurlait et – la nuit – le son était encore plus lugubre, je l’entends encore à plus de 70 ans de…distance ! Tout le monde se précipitait aux abris. Et gare aux retardataires ! Une jeune femme, que je ne connaissais pas et qui devait travailler comme « bonne » dans l’une des maisons du quartier, n’eut pas le temps de gagner « la tour », elle fut projetée, à deux reprises, par des bombes soufflantes* contre le mur de notre maison, je la revois, hagarde, toute « déguenillée » (les vêtements en lambeaux) les femmes l’entouraient d’une couverture et la gardaient dans leurs bras. Les morts qui s’accumulaient après les bombardements accentuaient la peur, surtout celle d’être enterrés vivants dans les caves qui servaient de refuge. Mon frère Jacques qui, à l’époque, avait 19 ans, n’attendait pas la fin de l’alerte, dès les premières bombes, il sautait sur sa bicyclette et courait sur le lieu du bombardement pour déblayer les amoncellements de pierres et libérer…les caves. L’initiative était d’autant plus dangereuse que les américains lançaient des bombes « à retardement ». Mon frère Jacques était ainsi parti, parfois une journée entière et revenait, le soir, noir de poussières collantes et fourbu. Nous avions la chance d’habiter près de l’église St-Julien et nous nous réfugions dans une tour qui donnait accès aux orgues et au clocher. Nous ne risquions pas d’être enterrés vivants, ce qui nous rassurait, mais si l’église brûlait, nous eussions péri asphyxiés dans les flammes. Quand nous entendions les bombes siffler (on les appelait « torpilles », instinctivement « on rentrait la tête dans les épaules » (!), notre père qui restait au pied de la tour nous rassurait à sa façon: « tant que vous entendrez le sifflement, la bombe n’est pas pour vous, celle qui vous tuera, vous ne l’entendrez pas »!
(http://clauderioland.com/les-rioland/histoire/guerres-menu/1944-les-bombardements-sur-tours)

A ces bombardements, il faut ajouter les actes de sabotage : le 25-26 février 1944, le 26 février, le 25-26 février, le 19 mars, le 28 avril, le 12 juin, etc


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