Renée Haudebourg

L'exode
C'est maintenant au tour de Renée et d'une partie de sa famille de connaitre l'exode. La SNCF (crée depuis le 1er janvier 1938)demande à
ses employés de faire partir leurs enfants. Renée s'y refuse tout d'abord mais doit suivre ce que ses parents lui imposent. Elle va donc devoir partir
avec sa soeur ainée, Hélène enceinte de son deuxième enfant, de son neveu Guy, âgé de 5 ans, de sa soeur Réjane, âgée de 11 ans, et de deux autres
enfants, dont l'un est handicapé. Renée a alors 16 ans.
Un autre train devait suivre avec les parents, mais il ne partira jamais.
Ils partent de Monnaie le matin dans des wagons-marchandise et arrivent à Saint Pierre des Corps (banlieue de Tours) en fin d'après-midi.
Le train est arrêté sur une voie de garage.
Renée doit aller chercher de quoi se restaurer. Le train va stationner sur la même voie toute la nuit. Le sommeil tarde à venir, car
les avions allemands survolent sans cesse la gare de Saint Pierre des Corps, noeud ferroviaire important. En outre, le train siffle à chaque passage des avions 3 fois. Au manque de sommeil s'ajoute la peur du bombardement, mais la nuit s'écoule sans problème.
Le train repart vers 5 heures du matin et arrive sans encombre à Poitiers dans l'après-midi.
A Poitiers, les réfugiés sont dirigés vers le Palais de Justice pour y passer la nuit. Les 2 enfants Bette sont recueillis par des membres
de leur famille. N'ayant à disposition que deux matelas pour 5 personnes, Renée arrive à trouver 3 autres matelas, pour une nuit sans doute plus
reposante que la précédente.
Le lendemain commence par une très longue marche, Renée porte la valise, remplie de draps, que sa mère lui a confiée. Les communications étant très
difficiles et aléatoires, ils arrivent à reprendre un train passant par Limoges pour Périgueux.
Ils y retrouvent des cousins, réfugiés de Paris, qui ont trouvé (?) un petit appartement. La vie n'est pas trop facile : l'un couche sur la table de la cuisine, l'autre en dessous, un autre encore à côté, Héléne, sa soeur et son 1er enfant Guy dans un petit couloir. L'absence d'argent se fait durement
sentir.
Mais les situations de guerre réservent parfois des surprises inattendues et heureuses. Un après-midi, Renée aperçoit des chars en centre ville. En regardant
par la porte arrachée de l'un deux, elle réalise que son frère, Gaston, en est le conducteur.
Il s'agit de chars de la 4ème Division Cuirassée, qui a combattu en se repliant depuis le nord de la France.
Emu et content de revoir ses soeurs, il leur donne 50 Francs, souvenir que Renée gardera sa vie durant. Nous sommes sans
doute le 25 ou 26 juin. L'armistice a été signé le 25 juin.
La guerre étant terminée, le retour des réfugiés peut s'organiser. Mais ce retour s'annonce difficile pour Renée. En effet, Monnaie étant situé au
nord de la Loire, on lui objecte que les ponts sur la Loire sont détruits, et que son retour n'est donc pas possible,
au contraire de sa soeur Hélène, habitant Saint Pierre des Corps situé au sud de la Loire.
Les négociations sont difficiles, mais aboutissent. Renée et ses soeurs peuvent partir le lendemain.
Le train passe par Vierzon. C'est la 1ère rencontre avec les Allemands, qui font descendre tout le monde du train sans ménagement. 10 minutes plus
tard, le train repart avec tous ses occupants.
Renée est très soulagée que le petit groupe n'ait pas été séparé, et aussi parce qu'elle a retrouvé M. Poupet,
chef de gare de Monnaie, libéré en sa qualité de cheminot.
Le petit groupe est accueilli à la gare de Tours par Noël Haudebourg, qui a pu se renseigner et connaitre l'heure approximative d'arrivée. L'exode est terminé, mais il va falloir apprendre à vivre sous occupation allemande.