L'occupation (suite). Mme Lavie (suite)

Le camp de Ravensbrück est situé à 80 km au nord de Berlin, près de la ville de Fürstenberg, au bord d'un lac le "Schwedtsee". La construction du camp débuta en 1938, avec 500 hommes déplacés du camp de Sachsenhausen Les premières prisonnières, environ 900, arrivent en mai 1939, transférées depuis Lichtenburg en Saxe. À la fin de l'année 1942, le camp en comptait 10 000, et en janvier 1945, ce sont 50 000 détenus, essentiellement des femmes, y étaient enfermées dans de conditions épouvantables

Le plan ci-dessous rend compte de la structure du camp




Déjà, à la fin du voyage, la désolation du paysage frappe les déportées. Il s'agit en effet d'un terrain plat, marécageux, fait de sable.
"Raus ! raus ! Zu fünf! ( = par cinq). Nous sommes obligées de sauter sur le sol, quelques-unes tombent, impossible de leur venir en aide, car dès notre atterrissage sur le quai, nous sommes entourées, frappées, bousculées. Des femmes crient, s'appellent. C'est un brouhaha indescriptible. Et la colonne s'ébranle dans une pagaille sensationnelle, en direction du camp. Nous avançons sous les hurlements. Je crains qu'aucun récit ne puisse jamais exprimer le choc que la mise en scène de cette arrivée produisit sur nous." ("les Françaises à Ravensbrück" conçu et édité par l'Amicale de Ravensbrück -1965)
C'est sans doute dans les mêmes conditions, que Madeleine Lavie est arrivée à Ravensbrück.


Puis va venir la transformation en bagnardes. Fouille, douche, ballots de vêtements avec robe et veste rayée et sur la manche gauche le triangle rouge avec le numéro matricule.
Une surveillante les conduit dans un block, avec des lits ("châlits") de trois étages, où on leur demande de s'entasser. Par manque de place, elles doivent dormir tête-bêche. Commence alors une quarantaine, où elles sont isolées du camp.

Les "27000" sont réparties dans deux blocks : les 700 premières de la liste dans le block 22 et le reste dans le block 13. C'est donc le cas de Madeleine Lavie.
"Des cas de scarlatine, d'angine, de grippe, d'érésipèle, de diphtérie et de dysenterie s'y déclarent tous les trois ou quatre jours. La quarantaine est donc à plusieurs reprises reconduite et n'est levée qu'au début de l'été. A partir du mois de mars elles sont cloîtrées dans le bloc 13 : une prisonnière leur livre la soupe et les avertit en criant, les appels se font à l'intérieur, les chiffres sont communiqués par la fenêtre à une gardienne SS qui se tient à distance." (P-E Dufayel, Un convoi de femmes).
Mais en regardant par les fenêtres, même si cela est interdit, elles commencent à percevoir la réalité du camp."C'est par la fenêtre que, malgré les défenses, nous communiquons. Nous apprenons ainsi la vie du camp, l'appel numérique(Zählappell) à 3 h 30 du matin qui réunit sur la Lagerstraße (="rue" principale du camp) ou dans les "rues" avoisinantes toutes les prisonnières groupées par block"
"De ces baraques,(= les autres blocks) sortent des êtres qui n'ont rien d'humain. Où sommes-nous donc? Nous voyons alors que ces êtres irréels sont des femmes et ne pouvons en croire nos yeux"

(Les Françaises à Ravensbrück, op. cité)


Madeleine Lavie n'a sans doute que très peu connu la sélection pour les kommandos et les innombrables appels, qui durent des heures, debout par tous les temps.

On peut penser qu'elle est affectée par une de ces maladies citées plus haut ou autre et qu'elle s'affaiblit sans cesse.
Elle décéde le 19 juillet 1944, comme le montre l'acte dressé par le camp de Ravensbrück à destination de la SIPO-SD de Paris(=Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté, en fait la Gestapo). Son corps est brûlé au crématorium du camp.



Voir l'acte de décès venant de Ravensbrück

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