Année 1916 - Verdun - le 23 juin

   La nuit du 22 au 23 juin sera particulièrement difficile, car les Allemands utilisent un nouveau gas, le phosgène (gaz très toxique à température ambiante). Le nuage formé par le gaz s'étend jusqu'à Verdun.

" Les malheureux qui, soit insouciance, soit affolement, ajustèrent mal leurs masques, succombèrent dans d'indicibles tortures. Rien n'est poignant comme ces agonies ! J'ai vu des visages marbrés, aux bouches baveuses d'une écume rosée, tordus de convulsions exaspérées, des doigts crispés labourant des poitrines, j'ai entendu des quintes affreuses, et des ahanements, et des cris de coq enroué qui amenaient des flots de sang aux lèvres décolorées." (Témoignage du capitaine Gagneur, cité dans les "lesfrançaisaverdun.fr)

  Le Journal de Marche du 31ème RAC rend compte de la préparation d'artillerie allemande et de l'état de solitude, dans lequel se trouvent les combattants des premières lignes, par l'absence de toute liaison :

Extrait du Journal de Marche du 31ème RAC © Archives Militaires

   L'attaque, dont il est question, est en effet très importante : il s'agit de la 3ème grande attaque allemande sur Verdun. Ce jour-là, l'empereur d'Allemagne est présent à l'arrière du front.

   50.000 hommes s'élancent pour attaquer sur la ligne Thiaumont, Froideterre à Vaux-le-Chapitre, soit un front de 6 km. Après avoir pris Thiaumont, les Allemands avancent jusqu'à Froideterre et l'abri des 4 Cheminées. En ce début du 23 juin et durant toute la journée, le front est prêt de se rompre.

" Nous fûmes sur le point d'être balayés, submergés, sachant que, derrière nous, il n'y avait pas de fantassin disponible. Des barrages intenses, surtout dans le fond de Vaux et dans le ravin de la Horgne où venaient se rassembler des unités d'attaque, des contre-attaques menées sans relâche, avec des unités épuisées conduites par des cadres admirables, nous sauvèrent du péril d'être jetés à la Meuse… Le jour où la 24e brigade quitta Verdun pour aller au repos, je passai dans les rangs des survivants. En voyant la faiblesse des effectifs, les larmes vinrent à mes yeux et j'étais cependant bien endurci. Les hommes étaient encore tout tremblants de cette fièvre nerveuse que nous avons tous connue".(Témoignage du colonel Bagès, commandant la 24e brigade-Tunnel de Tavanne)

   Et pourtant, comme il est dit, l'artillerie avait abondamment bombardé les concentrations de troupes adverses (Pour le 31ème RAC, Ravin du Helly, Ravin de la Couleuvre, de la Dame, etc)

   Mais encore une fois, le commandement français n'a pas suffisamment de renseignements précis, et ce sont des actions locales, qui empêchent l'aggravation de la situation, comme le dégagement de l'ouvrage des 4 Cheminées et de Froideterre par le 114ème BCP.

   La situation va rester très critique les jours suivants.